Hesen Zîrek – Un grand artiste et la voix émotive du folklore kurde

Hesen Zîrek, artiste célèbre et figure majeure de l'art authentique et du folklore kurde, est né en 1921 dans la ville de Bokan. Son vrai nom était Hesen, mais il était aussi connu sous le nom artistique de

Hesen Zîrek – Un grand artiste et la voix émotive du folklore kurde

"Esedî Bokanî".

Son père s’appelait Ebdulla et sa mère Emîne. Il avait deux frères et une sœur. Son père est décédé alors qu’il avait 11 ans, puis sa mère s’est remariée. En raison de cette situation, Hesen a grandi dans la difficulté, la tristesse et sans protection.

Dès son jeune âge, grâce à son intelligence et sa force, il a commencé à faire divers travaux. Il a exercé différents métiers liés à l’agriculture, au commerce et au service des familles aisées. Dans plusieurs pays comme l’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Irak, il a travaillé dans des sucreries, des cafés, des hôtels et des restaurants. Il disait lui-même : « J’ai voyagé en Arabie, en Iran et en Irak, mais j’ai compris que je ne pouvais trouver ma propre place nulle part. »

Dans sa jeunesse, il fut conducteur sur la route Seqiz–Bane. Un jour, en l'absence de chauffeur, il décida de conduire lui-même, mais perdit le contrôle du véhicule, provoquant un accident mortel. Cet incident l’affecta profondément, et bien qu’il ait été abattu pendant longtemps, il finit par accepter les faits. Après avoir été libéré de prison, il quitta ce pays et retourna à Pêncwîn.

Par la suite, il se rendit à Silêmanî, puis à Kelekûk et enfin à Bagdad, où il travailla dans l'hôtel « Eş-Şimal El-Kebîr ». C’est là qu’il commença à chanter, et sa voix attira l’attention. L’un de ceux qui furent fascinés par sa voix était Mam Jalal Talabanî, alors professeur à l’université de Bagdad. C’est lui qui le recommanda à Radio Bagdad. Hesen y débuta avec un salaire de 6 dinars, qui fut ensuite augmenté. Il y travailla de nombreuses années en exil.

Son nom "Zîrek" devint alors son nom d’artiste, attribué par Radio Bagdad. Bien qu’il n’ait pas eu accès à l’éducation, il maîtrisait les chants et la musique kurdes. Ses chansons furent connues dans tout le Kurdistan. Parmi les plus célèbres : Newroz, Meryemê Bokanî, Ketan, Xan Bacî, Emîne Emîne, Lim Ziz Bû, Gewher, Aman Dektor, Lay Lay, et bien d’autres.

En 1958, Hesen retourna en Iran, où cette même année fut créée Radio Kurde de Téhéran, diffusant en kurmandji et en sorani. Il y enregistra plusieurs de ses chansons. Plus tard, il se maria avec Midya Zendî, et ils eurent deux filles : Mehtab et Arezû.

En 1962, Radio Kurde de Kermanshah fut fondée, et Hesen y forma son propre groupe musical composé de cinq membres. Il travailla également avec d’autres orchestres comme celui de Yûsif Zemani, de Mûşîr Homayûn Şehardar (à Téhéran) et de Mujteba Mirzade (à Kermanshah).

En 1966, son contrat prit fin et il fut dit qu’il avait enregistré plus de mille chansons. Cette nouvelle l’attrista profondément et il vécut une grande détresse. Il quitta la radio et retourna en Irak, mais fut arrêté par la police irakienne et emprisonné pendant 18 mois. Après cela, il retourna en Iran, où il fut de nouveau arrêté et torturé par le régime du Shah.

Bien qu’il ait été emprisonné à plusieurs reprises, Zîrek disait :
« Un artiste n’a pas de valeur au Kurdistan. Je me suis assis dans une maison de thé dans les montagnes. Je suis satisfait, je sers le thé. »
Il avait installé cette maison de thé dans une région montagneuse, à la frontière irako-iranienne, près de Bane. Ce lieu devint un espace de rencontre pour artistes, intellectuels et visiteurs lettrés. Mais souvent, des inconnus tentaient de l’attaquer la nuit.
On se demandait : « Pourquoi cet homme vit-il dans les montagnes ? Pour la musique ? Pour la radio ? Pour la prison ? Pour être loin de sa femme et de ses enfants ? »
Hesen répondait :
« Si je parle, c’est mon cœur qui pleure ; si je ne parle pas, c’est mon âme qui souffre. »

Dans un livre publié par Kak Huseyn et Kak Kerîm Xoşnav, Hesen disait :
« Je refuse de trahir, je ne peux me soumettre à un État et devenir célèbre. Je veux servir mon peuple. »

En 1972, Hesen tomba gravement malade d’une cirrhose. Il fut opéré à Bokan, mais son état ne s’améliora pas et il mourut la même année. Conformément à sa volonté, il fut enterré au cimetière de Nalêşkenê.

L’art de Hesen Zîrek demeure à jamais la voix et le journal du cœur du peuple kurde.